Vieira : "La Juve me ressemble"

Pour Téléfoot, Patrick Vieira revient sur son transfert d'Arsenal à la Juventus de Turin. Après neuf saisons chez les Gunners, le capitaine de l'équipe de France est parti rejoindre Trezeguet, Thuram et Zebina pour franchir un palier et essayer de gagner la Ligue des Champions. Interview !

PATRICK VIEIRA, on ne s'attendait pas à te voir partir pour la Juventus cet été. Comme ça s'est fait ?

P.V. : C'est vrai que je suis parti en vacances avec l'idée de revenir à Arsenal. Je ne m'étais jamais fait à l'idée de partir même s'il y a toujours eu des bruits sur les quatre ou cinq dernières années qui m'envoyaient au Real Madrid ou dans d'autres clubs. Mais c'est vrai que ça s'est fait assez rapidement cette année avec Turin. La Juve est entré en contact avec Arsenal, le club m'en a parlé et moi je me suis mis d'accord avec Turin. Ça a été très vite.

Et Arsenal t'a laissé partir aussi facilement ?

P.V. : Avec le recul, je me dis que les gens ne vont peut-être pas comprendre. J'étais capitaine à Arsenal et j'ai passé neuf ans là-bas. Mais, ce que je peux vous dire, c'est qu'Arsenal a trouvé son compte, moi j'ai trouvé mon compte en tant que joueur et la Juve est bien sûr contente de m'avoir dans son effectif. A l'arrivée, je crois que toutes les parties y trouvent leur compte.

Le Real Madrid te convoitait aussi l'année dernière. Pourquoi la Juve plutôt que le Real ?

P.V. : Parce qu'il faut faire des choix. Je pense que l'équipe de Turin me ressemble plus par rapport à ce que je voulais pour mon futur. C'est une équipe qui est vraiment stable. C'est une équipe où il y a une grosse motivation mais qui a su garder une grande convivialité entre les joueurs. Il y a une très bonne ambiance. Même si je ne connais pas le Real, vu de l'extérieur la Juve me ressemble plus.

Comment ton départ a-t-il été accepté par Arsène Wenger, Thierry Henry et Robert Pires ?

P.V. : On a discuté assez longuement avec Arsène (Wenger). Il n'a pas mis son veto, il a été compréhensif. Il travaille pour Arsenal et je crois qu'il a eu le meilleur transfert qu'il pouvait avoir pour le club. Mais, au niveau des joueurs, c'est vrai qu'il y a une petite cassure parce qu'on a vraiment été proche ces dernières années. Mais ils me manquent autant que je peux leur manquer. C'est la vie professionnelle qui veut ça.

Ça a été dur de quitter Londres et les supporters qui t'adoraient ?

P.V. : Je suis conscient que les rapports que j'avais avec les supporters à Londres, je ne l'aurais jamais ailleurs. Mais, d'un autre côté, j'arrive ici en Italie où je dois tout conquérir et tout... pas prouver parce que je ne suis plus à ce stade là mais j'ai envie de m'imposer. J'ai appris vraiment beaucoup de choses en Angleterre pour y arriver. Je ne me fais pas de souci côté motivation et sur mes capacités car je l'ai déjà prouvé ces dernières années mais c'est un nouveau challenge.

Que va devenir Arsenal sans son mythique capitaine ?

P.V. : Déjà ils en ont trouvé un avec Thierry Henry. Mais je ne me fais pas de souci parce que ce n'est pas un joueur qui fait la force d'une équipe. Il y a beaucoup de grands joueurs à Arsenal donc je pense qu'ils vont encore faire une bonne saison.

Qu'espères-tu trouver à la Juve que tu n'avais pas à Arsenal ?

P.V. : Mais moi j'ai passé neuf années à Arsenal et tout a été extraordinaire. J'ai gagné des titres, j'étais dans un groupe extraordinaire, je me suis vraiment épanoui dans tous les domaines. Mais, en allant à la Juventus, j'ai franchi un palier. Depuis que je suis ici, il y a une certaine pression qu'on ne retrouve pas à Arsenal. C'est ce qui sera sûrement différent. Mais, pour le reste, je compte m'épanouir autant qu'à Arsenal.

Tu penses avoir plus de chances de remporter la Ligue des Champions en venant à Turin ?

P.V. : Oui, si on veut. Sur le papier, je pense que j'ai plus de chances de gagner la Ligue des Champions avec Turin. Mais, quand on voit que Liverpool l'a gagnée l'année dernière et que Porto l'a gagnée il y a deux ans, on peut avoir une très bonne équipe et c'est une autre histoire sur le terrain. Avoir les joueurs, c'est bien mais la façon de se comporter sur le terrain peut être complètement différente. L'année dernière, Liverpool a perdu Owen qui était un joueur important pour eux et ils ont gagné la Ligue des Champions à l'arrivée. Donc c'est difficile de trouver la vérité dans le football.

En quittant le Milan AC en 1996, tu pensais revenir un jour en Italie ?

P.V. : Non. Le passage à Milan a été plus ou moins difficile et, au final, je m'étais plutôt dit que je ne reviendrai pas jouer en Italie. Ça prouve qu'il ne faut jamais dire jamais. Et je suis content de revenir parce que, la première fois, je n'étais pas le même joueur. J'étais beaucoup plus jeune, j'avais beaucoup moins d'expérience. Je commençais juste ma carrière. Cette fois, j'arrive dans une situation complètement opposée.

En plus, tu arrives dans un club qui aime les Français...

P.V. : Bien sûr, tous les joueurs français qui sont passés par la Juve ont plus ou moins réussi. Quand on voit David (Trezeguet) qui fait partie des meilleurs buteurs du club, Lilian (Thuram) qui est là depuis des années ou John (Zebina) qui est en train de s'imposer ici, ça donne des idées. Et puis c'est vrai que ça a facilité mon intégration dans le club. J'ai l'impression que je suis encore en équipe de France ! Quand on arrive dans un nouveau club, c'est vrai qu'on regarde toujours à côté pour voir s'il n'y a pas quelqu'un pour nous guider. Moi, j'ai la chance d'avoir John, David et Lilian qui sont là et ils remplissent très bien leur rôle.

Changer de club à un an de la Coupe du Monde, ça ne te fait pas peur ?

P.V. : Non, non, je ne me suis vraiment pas posé la question parce que, à la Juve, il y a vraiment tout pour réussir. Il y a un grand entraîneur que j'ai déjà connu à Milan, il y a de grands joueurs... C'est un club sérieux qui travaille beaucoup. Donc pour, moi, il n'y a vraiment pas de problème par rapport à la Coupe du monde ou quoi que ce soit. Je ne me suis vraiment pas posé la question.

Tu avais besoin de te remettre en question pour progresser ?

P.V. : Non, pas spécialement. Avec Arsène, ça s'est toujours bien passé. Il m'a toujours dit les choses comme elles étaient. Je sais que je n'ai peut-être pas été à mon niveau sur les deux dernières années. Mais, à chaque fois, j'ai effectué une remise en question par rapport à moi-même.